Le petit opéra-comique donné vendredi, salle Favart, le Cerisier, n’est autre chose qu’une réédition du conte de La Fontaine, la vieille légende connue sous le titre: la Servante justifée. Elle avant été mise en vaudeville et en ballet, à l’époque de la Restauration.
« Sera-t-il dieu, table ou cuvette ? » se demandait le sculpteur du Fabuliste avant d’attaquer de son ciseau le bloc de marbre qui était devant lui. Ce sera un opéra-comique, s’est M. Jules Prével devant un poirier du même fabuliste, le poirier des contes cette fois.
Relisez dans l’Heptaméron de la reine de Navarre, la jolie nouvelle : « Un mary baillant les innocens à sa chambrière, trompoit la simplicité de sa femme », et le charmant conte de La Servante justifiée qu’en a tiré La Fontaine, et vous aurez le livret lestement tourné du Cerisier, que l’Opéra-Comique donnait hier. Je ne puis dire de la partition de M. Duprato ce que Mme de Sévigné disait des paniers de cerises : « On choisit d’abord les plus belles et on finit par les manger toutes ». Un petit duo d’une très-vive allure, un trio terminé en quintette, qui a de la rondeur et du rythme, sont les seuls morceaux appréciables de cette musique sans saveur. Elle est chantée (est-ce bien le mot ?) par Barnolt, Mlle Reine et Mlle Chevalier.
Des cinq grands actes de Guillaume Tell passons au petit acte pastoral du Cerisier, annoncé depuis si longtemps à l’Opéra-Comique et qui vient enfin d’être représenté salle Favart, avec Mlles Chevalier, Reine, Revilly, MM. Thierry, Barnolt et Teste pour interprètes.